Etude : Les Femmes effectuent 66% du travail mondial et gagnent seulement 10% des revenus totaux

Un nouveau rapport, Gendre at Work, réalisé par le Groupe de la Banque Mondiale, souligne que l’exclusion économique frappe davantage les femmes que les hommes. Ainsi les femmes sont confrontées à de nombreux obstacles qui compliquent leur accès au travail, à des rémunérations à la hauteur de leurs efforts, à des postes de responsabilités, à des financements etc. Le rapport propose aussi des actions à mener pour plus d’égalité entre sexes.

« Nous savons que la réduction des inégalités entre hommes et femmes dans le monde du travail peut avoir des effets positifs notables sur le développement, grâce à l’amélioration de la santé et de l’éducation des enfants, à une plus forte réduction de la pauvreté et à l’intensification de la productivité, fait observer Jim Yong Kim, président du Groupe de la Banque mondiale. Ne pas agir dans ce sens, c’est gâcher une immense opportunité. Et il y a urgence car les progrès réalisés jusqu’à présent sont insuffisants et trop lents. »

« Aujourd’hui, les filles sont beaucoup plus nombreuses à aller à l’école et elles vivent plus longtemps et en meilleure santé qu’il y a 30 ou même 10 ans. Cependant, cette évolution ne s’est pas traduite par des effets positifs plus larges, précise Jim Yong Kim. Trop de femmes ne disposent toujours pas des libertés fondamentales, n’ont toujours pas accès aux opportunités essentielles, et se heurtent à des inégalités colossales dans le monde du travail. ».

Le poids des normes sociales accentuent ces obstacles. Ainsi les femmes sont plus souvent exposées à la violence, à l’absence de droits élémentaires (mobilité, formation etc.).

« Les femmes pauvres, en particulier, sont susceptibles d’être confrontées à des obstacles multiples et qui viennent se superposer les uns aux autres, précise Jeni Klugman, directrice du secteur Genre et développement du Groupe de la Banque mondiale et co-auteur du rapport avec Matthew Morton. En leur offrant la possibilité de participer à l’économie sur un pied d’égalité et en libérant leur potentiel économique, on pourrait changer la donne dans la lutte contre l’extrême pauvreté. »

« Actuellement, à l’échelle mondiale, seulement la moitié du potentiel productif des femmes est utilisé. C’est du gâchis, puisque l’égalité entre hommes et femmes dans le monde du travail profiterait à la fois au développement et à l’activité économique. Avant tout, il faut encourager les compétences et les aspirations des garçons et des filles de la même manière dès le plus jeune âge, de sorte que cette vision des choses les accompagne suffisamment longtemps pour qu’eux-mêmes et les générations à venir bénéficient d’un monde plus équitable et plus prospère », explique Jeni Klugman.

Actions à mener pour plus d’égalité

  • la prise en compte systématique de la promotion de la femme dans les stratégies de croissance
  • la réforme des systèmes juridiques
  • Entreprendre des diagnostics nationaux
  • Davantage impliquer le secteur privé
  • Investir davantage pour combler les lacunes dans les données et les connaissances
  • Modifier les systèmes et politiques de ressources humaines de façon à lutter contre la discrimination et le harcèlement.
  • Incitations pour que les filles fréquentent l’école
  • Eliminer les restrictions à l’entrée dans la vie active et dans l’emploi
  • Autoriser et encourager les femmes à devenir propriétaires ou à obtenir la propriété conjointe d’un terrain, ou à appliquer un droit successoral équitable
  • Mesures de flexibilité et de congés propices à la famille, des modes de garde d’enfant financièrement abordables et des programmes de développement de la petite enfance
  • Développer des infrastructures permettant de réduire la charge que représentent pour les femmes, en termes de temps, les tâches ménagères et familiales.
  • L’égalité d’accès aux actifs et aux services financiers.

Selon l’Organisation internationale du travail, près de la moitié du potentiel productif des femmes à l’échelle mondiale est inutilisée, contre 22 % pour les hommes. L’élimination des disparités entre hommes et femmes pourrait avoir des répercussions substantielles sur le développement. Une étude de Goldman Sachs constate que la réduction des inégalités hommes-femmes dans l’emploi pourrait relever le revenu par habitant sur les marchés émergents de 14 % d’ici 2020.