Les femmes moins entrepreneures que les hommes, vraiment ?

Selon une étude réalisée par l’APCE (Agence Pour la Création de l’Entreprises), seules 4% des Françaises ont créé leurs entreprises, contre 10% des américaines. Pourtant, la France est au 4e rang mondial en termes de conditions favorisant l’entrepreneuriat. L’étude revient sur les raisons expliquant ce taux, et détaille les initiatives prises par le gouvernement pour augmenter ce nombre. Nous reviendrons sur cette étude et sur les raisons avancées, un peu trop facilement !

 

30% des créations d’entreprises sont le fait de femmes

Oups ! Seul un tiers des entreprises créées en France (auto-entreprises et sociétés confondues) l’ont été par des femmes. Ce taux est certes en constante augmentation passant de 26% en 2002, à 32% en 2010. Cool ! Mais… ce taux reste faible, pourquoi ? C’est l’objet d’une étude publiée récemment par l’APCE analysant les raisons qui expliqueraient le peu d’attrait que peuvent avoir les femmes pour l’entrepreneuriat. Raisons, vues, lues, et re-relues maintes et maintes fois. Solutions qui ne traitent pas le fond de la question mais juste les conséquences, solutions court-termistes, faciles, clichées. Voyons cela ensemble.

Les femmes, ces peureuses !

Les chiffres indiquent clairement que les femmes entreprennent deux fois moins que les femmes. Pourquoi ?

Les femmes seraient  bloquées par plusieurs peurs :

  • Peur de l’échec
  • Peur de ne pas être à la hauteur
  • Peur de passer trop de temps au travail
  • Peur de trop investir
  • Peur de la responsabilité

Ça en fait des peurs, n’est-ce pas ? Est-ce inhérent au fait d’être femme, cet être fragile, qui a besoin de tant de protection, cet être qui est trop émotif et réagit au quart de tour, cet être qui a un instinct maternel tellement fort qu’il ne veut pas consacrer sa vie au travail, la famille c’est plus important hein ! Et enfin, cet être qui doute de lui un peu beaucoup et qui manque de courage, qui ne fonce pas, qui hésite, qui a peur des responsabilités.

Vraiment ?

Et si on poussait un peu plus l’analyse ? Quelles sont les causes profondes de ces «raisons » avancées par l’étude ? Ne serait-ce pas dû à l’éducation différenciée, qu’on le veuille ou non, entre garçons et filles ? Ne serait-ce pas dû au sexisme ordinaire qu’on retrouve depuis la tendre enfance dans les rayons de jouets, et tout au long de la vie avec les publicités, la sous-représentation d’experts et de femmes entrepreneures dans les medias et j’en passe. Comment voulez-vous avoir des femmes entrepreneures, si le modèle de la femme entrepreneure n’est pas suffisamment visible, ne fait pas partie de la norme mais de l’exception ?

Augmenter le taux de femmes entrepreneures, c’est briser les préjugées sexistes latents, c’est repenser la société dans ce qu’elle a de plus fondamental à savoir l’éducation et les valeurs communes de parité.

De l’entrepreneuriat au féminin à l’entrepreneuriat pour tous

Pour améliorer le taux d’entrepreneures, véritable enjeu économique et social, le gouvernement se donne un objectif chiffré : augmenter de 10 points le taux de femmes créatrices d’entreprises d’ici à 2017 pour atteindre les 40%. Honorable mais insuffisant.

Je rêve d’une société où, après l’école pour tous, viendrait l’ère de l’entrepreneuriat pour tous, où entreprendre ne serait pas un fait tellement exceptionnel qu’il conviendrait de lui coller un adjectif : « féminin ».

Depuis 2013, le gouvernement a lancé le plan d’action national « entreprendre au féminin, des opportunités pour elles, une clé pour la compétitivité et l’emploi. » Ce plan s’articule autour de trois grandes thématiques :

  • Sensibiliser et informer
  • Renforcer l’accompagnement
  • Faciliter l’accès au financement

Comme si, le problème venait essentiellement des femmes qui fuient l’entrepreneuriat. Et si, on sensibilisait les hommes à l’éventualité qu’une femme puisse entreprendre aussi bien voire mieux qu’un homme ? Et si on sensibilisait les parents à l’importance de l’éducation, de l’éveil, de la curiosité des filles comme des garçons et de l’intégration de l’échec dans le processus d’apprentissage comme l’une des étapes essentielles pour bien assimiler ? Et si on sensibilisait l’école sur son rôle dans la construction de futures entrepreneures et entrepreneurs, qui envisageraient l’entrepreneuriat comme une des voix professionnelles tout à fait accessibles ? Et si on sensibilisait le gouvernement à mener des réformes plus courageuses dans le combat contre le sexisme ordinaire ? Et si on menait tous ces combats en même temps ?